Chapakot- Kwami Mars 2025
NAAM lance un projet de partenariat avec NEEM Népal, l'association Népalaise , ayant pour but de venir régulièrement ( dans un premier temps, environ 2 fois par an) dans le village de Kwami et d'utiliser le Dispensaire local pour y dispenser des soins et de la prévention. L'intérêt de se fixer sur un dispensaire précis, est d'assurer au mieux un suivi des villageois. Nous étions deux , Infirmière et Médecin, et avons retrouvé sur place l'équipe de NEEM Népal et une consoeur Népalaise médecin généraliste. Nous étions hébergés chez l'habitant, à proximité du dispensaire. Cette expérience fut riche en enseignements et en émotions. Nous avons réalisé de nombreuses consultations et donné des conseils d'hygiène alimentaire. Voici en quelques lignes le résumé de notre action!

Quelques chiffres:
Nous avons assuré 11 journées complètes de consultations au dispensaire de Kwami. En mars, c'est la saison chaude et sèche. Lors de ces journées, nous avons assuré 539 consultations soit une moyenne de 49 par jour, sans oublier 176 échographies ( fast-écho), 69 électrocardiogrammes, des soins de plaies, pansements, glycémies, analyses d'urines, dosages d'hémoglobine....Nous avons enregistré tous les patients . L'âge moyen est de 46 ans avec aux extrêmes un nourrisson de 48 jours et un vieux monsieur de 101 ans !!
la grande majorité était des femmes. 77% contre 23% d'hommes. Il y a de nombreux biais dans la sous-représentation masculine. D'une part, de nombreux hommes sont partis travailler à l'étranger, d'autre part les hommes, comme partout, consultent moins que les femmes

Répartition des âges:
Sur le plan de l'âge, les patients de 31 à 70 ans(adultes) représentent 58% de l'ensemble. Les jeunes de moins de 20 ans, environ 12%, mais nous n'étions pas en congé scolaire. quant aux plus âgés, à 80 ans la pyramide s'arrête. Ce qui semble corroborer l'espérance de vie à la naissance des Népalais: 70 ans en moyenne.
0-10 ans : 6,80% 11-20 ans : 5,70% 21-30 ans : 9,50% 31-40 ans: 15,60%
41-50ans: 17% 51-60ans: 20,20% 61-70ans : 15,30% 71-80 ans: 8,20%
81-90 ans: 1,50% 91- 100ans : 0% > 100 ans : 0,20%

Les pathologies:
Une part importante est représentée par les problèmes digestifs 26,4%, suivis par les troubles musculo-squelettiques 20% et enfin les problèmes urogénitaux ( essentiellement des femmes pour vulvovaginites ou règles irrégulières) 15,8%
Les troubles digestifs sont presque tous dus à l'alimentation et à l'hygiène. la grande consommation de piments et de riz blanc donne des troubles gastriques fréquents et de la constipation. L'habitude médicale est de traiter de façon empirique des "infestations de vers" en tous genres.
Sur le plan musculo-squelettique, le travail aux champs extrêmement difficile et surtout pour les femmes qui s'occupent des enfants, de la maison, et aussi du travail aux champs, rend les problèmes de dos très fréquents. La demande en soulagement est importante. Par ailleurs les femmes sont presque toujours " pliées en deux" pour faire la cuisine par terre ou balayer avec de petits balais traditionnels sans manche

Pathologies encore:
Concernant la sphère uro-génitale, chez les hommes, les problèmes de prostate sans différence avec notre pays, et chez les femmes, beaucoup de vulvovaginites. Il faut rappeler que le cancer du col de l'utérus est une cause de mortalité importante chez les femmes népalaises.
Nous avons vu peu de mycoses cutanées( teignes et autres..) mais nous étions en saison sèche. Nous avons été surpris par le faible nombre de problèmes respiratoires, mais là aussi, la saisonnalité joue son rôle.
Quant aux deux pathologies fréquentes au Népal, hypertension et diabète, nous n'avons vu que quelques décompensations ou découvertes de novo car les patients sont traités gratuitement pour ces deux pathologies.

Au total:
La grande majorité des pathologies rencontrées peuvent être prévenues par des modifications du régime alimentaire et d'hygiène alimentaire et corporelle. En terme, d'éducation, diminuer la consommation de riz blanc de piments qui font parties des habitudes culturelles, ne sera pas simple mais devrait permettre de diminuer le nombre de constipations, troubles gastriques et diabète. La chasse au sucre a aussi son importance. Concernant les troubles musculo-squelettiques, nous espérons faire modifier certaines positions de travail, malheureusement le port de charges lourdes reste une difficulté. Un petit mot sur les nombreuses échographies et les electrocardiogrammes. Ces deux examens sont des plus indéniables, avec parfois bien sûr des demandes excessives mais cela nous a permis de détecter par exemples des dysplasies aortiques, des dilatations pyelocalicielles, lithiases vésiculaires, voire anomalies prostatiques sévères. Cette année nous avons innové. confrontés à un grand nombre de "démangeaisons occulaires" lors de précédentes missions, sans pathologie clairement identifiée, nous avions évoqué allergies, conjonctivites, cataractes...Certes existanters mais peu nombreuses. Cette année nous avons amené des loupes et testé la presbytie. Résultat concluant. une quinzaine de patients sont repartis avec des loupes et sont ravis de "voir" à nouveau . Opération à renouveler!

Le dispensaire de Kwami:
C'est un petit bâtiment avec essentiellement deux salles d'examen et une cuisine . Nous avons réaménagé les locaux pour des consultations plus conviviales et plus intimes. Les moyens sont limités mais nous avons quand même des médicaments d'état à notre disposition et nous avons été aidé par les deux infirmières du dispensaire pour la logistique et l'accueil.
Sur la photo à gauche, nous sommes entourés des femmes de la coopérative de Chapakot, de l'équipe de NEEM Népal, des infirmières du dispensaire et de nos amies, les filles ingénieures agronomes de Toulouse Purpan qui participent à un projet de développement agricole sur la commune de Chapakot.

L'éducation:
sous l'égide de Roshna , notre collègue et amie, médecin Népalaise, nous avous aussi assuré une journée d'éducation : hygiène alimentaire, mais aussi et surtout, hygiène alimentaire, éducation sexuelle...
Cette initiative est à développer, car nous sommes convaincus que certe, les soins et l'aide financière sont essentiels, mais que l'éducation est primordiale . Nous allons nous employer à élargir les domaines d'éducation sanitaire à l'avenir.

Les lieux de travail:
Une des deux salles d'examens du dispensaire de Kwami.
Cela reste spartiate, même si nous avons pu faire notre travail dans la bonne humeur.

Combien ça coûte tout ça??
Pour assurer notre mission, il a fallu financer le transport de Katmandou à Kwami, le dédommagement du médecin népalais, les frais de médicaments et matériel... Cela ne tient pas compte des frais d'avions, d'hébergement, de nourriture que nous assumons entièrement. Pour une mission comme celle-ci, NAAM a besoin d'environ 2000 à 2500 €! c'est très peu, et en même temps beaucoup
voilà, vous savez tout!
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